Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Sommet des Amériques
Le Sommet des Amériques se tiendra-t-il dans un État totalitaire ?
(Québec, 2 novembre 2000) La Coalition régionale Opération Québec Printemps 2001 réagit aujourd'hui à l'annonce faite par les services de police affectés à la sécurité du Sommet des Amériques qui se tiendra en avril 2001 à Québec.
Ce mercredi 1er novembre, la Gendarmerie royale du Canada, la Sûreté du Québec, la Sûreté municipale de Québec et la Sûreté municipale de Sainte-Foy rendaient publiques les mesures spéciales de sécurité qui seront mises en oeuvre lors du Sommet des Amériques en avril prochain, déjà présentées par la GRC comme constituant la plus imposante opération de sécurité jamais effectuée sur le territoire canadien.
«Par maints aspects, ces mesures ne constituent rien de moins qu'une entrave extrêmement sérieuse aux droits fondamentaux de la personne et aux libertés civiles des citoyenNEs; elles illustrent parfaitement le caractère répressif et antidémocratique de la mondialisation des marchés», a déclaré Stéphane Paquet, porte-parole de la Coalition OQP 2001
Premièrement, la délimitation d'un « périmètre de sécurité
» excessif et pour l'instant défini comme une zone clôturée de 3,8 km
englobant le Vieux-Québec, allant grosso modo du Château Frontenac à la rue
Claire-Fontaine pour l'axe est-ouest et des Plaines d'Abraham aux rues d'Aiguillon
et Richelieu pour ce qui est de l'axe nord-sud, dépasse largement la stricte et
légitime protection des citoyens et citoyennes de Québec et de ceux et celles
qui prendront part au Sommet des Amériques. Elle vise principalement à
restreindre le droit de manifester démocratiquement toute objection à la création
de la ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques). « Les autorités policières
semblent oublier que la manifestation pacifique est un droit et non un privilège
» a souligné Lisa Goodyer, également porte-parole pour OQP 2001.
Par ailleurs, rappelons que la nécessité pour les résidentEs et les
travailleurEUSEs du périmètre de sécurité, soit au total plus de 25 000
citoyens et citoyennes, d'obtenir auprès des forces policières un
laisser-passer pour se rendre à leur domicile ou à leur lieu de travail n'est
pas digne d'une société et d'un État qui prétendent à la démocratie. « L¹érection
d¹un tel périmètre, qui se présente comme une véritable atteinte à la
libre-circulation des personnes, est symptomatique d¹une absence de légitimité
flagrante des négociations en cours. En effet, ces négociations sur la ZLÉA
se déroulent à huis-clos, les documents ne sont nullement rendus accessibles
et nos propres députés, tant au niveau provincial que fédéral, n¹ont même
pas voix au chapitre, ne serait-ce que pour amorcer un débat en Assemblée »,
d¹ajouter monsieur Paquet.
La création d'un tel périmètre et les mesures d'identification et de contrôle
qui l'encadrent, de même que la déclaration du Ministre de la Sécurité,
monsieur Serge Ménard, qui « prévoit le pire, tout en ne le souhaitant pas »,
mais qui annonce tout de même que la prison d'Orsainville sera éventuellement
vidée de ses occupants afin de parer à ce « pire », sont des plus
troublantes. Quoiqu'en dise l'inspecteur Gaétan Labbé, de la Sûreté
Municipale de Québec, ces mesures se comparent très facilement au tristement célèbre
Mur de Berlin. « De telles mesures de sécurité, doublées de déclarations
alarmistes, voire menaçantes, ne peuvent se lire que dans le sens d¹une
intimidation visant à réduire l'ampleur et à annihiler des protestations et
des réclamations qui n¹ont désormais nulle autre tribune que celle de la rue
», d'affirmer Lisa Goodyer.
« Vous avez le droit de manifester pacifiquement, nous dit-on, mais sachez
toutefois que la sécurité publique sera érigée en un système policier d'une
ampleur inusitée au Canada, que vous devrez vous limiter à certains lieux pré-déterminés,
et qu'une prison comportant plus de 500 places sera rendue vacante pour l'occasion.
Pour des groupes et organismes tels OQP 2001, une coalition qui milite afin de
sensibiliser la population aux enjeux du libre-échange, qui réclame à corps
et à cri plus de transparence, voire un débat public sur la question de la création
d¹une Zone de Libre-Échange des Amériques, et qui souhaite mobiliser le plus
de personnes possibles, et de tout horizon, autour de manifestations pacifiques,
il est absolument scandaleux d'assister ainsi à des manoeuvres d¹intimidation.
», de compléter madame Goodyer.
En annonçant ainsi des mesures de sécurité présentées comme étant
indispensables, et allant de soi dans le contexte du Sommet des Amériques, on
habitue sournoisement la population à l'idée qu'il y aura nécessairement répression...
« L¹opinion publique doit demeurer critique devant le discours des autorités
qui vise à faire accepter et à banaliser l'usage de cette violence
institutionnalisée. Comme le soulignait à juste titre le chanteur
populaire Luck Mervil suite au G20, la police affirme qu'elle n'a "pas les
moyens" de lutter contre les groupes de motards criminalisés, qui répandent
une réelle terreur. Cependant, s'annonce la moindre manifestation, et là on déploie
un arsenal dernier cri, digne d'un salon de la police... », de rapporter
monsieur Paquet.
Devant de telles manoeuvres coercitives, OQP 2001 choisit, tant au niveau des
principes que de la stratégie, de répondre par la dénonciation, la
sensibilisation et la mobilisation la plus large possible, et ce en respectant
un code d'éthique strictement non-violent. « À la violence intimidatrice
des mesures de sécurité mises de l'avant dans le cadre du Sommet des Amériques,
il nous faut répondre par une non-violence informée et articulée autour d'un
mouvement de protestation qui se doit de ramener le débat sur des enjeux de
fond, soit la mise en place d'une Zone de Libre-Échange des Amériques qui se négocie
actuellement hors de tout cadre démocratique acceptable », de conclure
madame Goodyer.
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Pour information :
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