COMMUNIQUÉ
LES SOMMETS DE QUÉBEC
La démocratie se meurt derrière les barricades
pour mieux renaître dans la rue.
Un premier sommet, d'intolérance
La preuve a été faite que les dirigeants de notre monde sont en train d'anéantir les principes de la démocratie, en même temps qu'ils prétendent les défendre. Pour faire avancer le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), ils n'ont jamais su faire autrement que de se cacher derrière des écrans conceptuels comme la «démocratie», la «prospérité pour tous» ou la «réalisation du potentiel humain». S'ils sont contraints d'user d'articifices de langage et de contorsions rhétoriques pour tenter de faire accepter ce projet, c'est avant tout parce qu'ils n'ont aucun exemple concret et positif d'accord de libre-échange ayant bénéficié aux citoyenNEs. Ils pataugent dans le néant, et ne disposent en fait que du seul argument de la force: ils comptent nous imposer la ZLÉA par une escalade des moyens de répression.
Pour eux, la vraie démocratie n'a plus sa place même dans la rue, sinon dans un nuage de gaz fumigène; la répression de l'expression populaire devient la norme. Devant l'ampleur de l'affront fait aux citoyenNEs des Amériques, nous affirmons aujourd'hui que tout s'est passé de façon tranquille à Québec pendant le Sommet des Amériques. Les ingrédients étaient réunis pour justifier les pires émeutes mais, alors que les médias et les forces de l'ordre nous prédisaient un festival des casseurs, nous avons plutôt vu des militantEs s'en prendre de façon tout à fait légitime à des cibles politiques comme la barricade et tout le dispositif de sécurité qui entourait le Sommet des Amériques.
De voir nos dirigeants ainsi que les forces de l'ordre s'encenser à n'en plus finir au sujet du succès du Sommet des Amériques et du travail de répression donne la nausée. Cela ne démontre plus seulement leur duplicité, mais aussi leur volonté de s'approprier les véritables succès de ce Sommet des Amériques, qui appartiennent aux seulEs citoyenNEs. Ce n'est surtout pas à l'appareil répressif que nous devons d'avoir évité les débordements, mais bien à la meilleure organisation des groupes qui forment ce vaste mouvement dit «antimondialisation» et à la discipline qu'ils ont su s'imposer.
Ce sont les groupes présents à Québec, notamment OQP 2001 et le Comité d'accueil du Sommet des Amériques (CASA), qui ont coordonné l'hébergement des milliers de militantEs venuEs de toutes les Amériques, qui ont organisé des activités de sensibilisation pour la population ainsi que des manifestations pacifiques, qui ont permis la prise de parole des citoyenNEs malgré les efforts soutenus de désinformation et de dénégation de la volonté populaire, qui ont donné accès à de l'information «alternative» par le biais du Centre des médias alternatifs-Québec 2001 (CMAQ), etc.
Il ne faut pas oublier que, si notre ville n'avait pas été assiégée et asphyxiée, si les manifestations autour du périmètre de sécurité avaient été tolérées, si les balles de plastique n'avaient été utilisées qu'en dernier recours, s'il n'y avait pas eu de prisonnièrEs politiques, si au moins ces prisonnièrEs avaient été traitéEs dignement, etc., tout se serait encore mieux déroulé. En fait, tout se serait parfaitement déroulé si nos dirigeants n'avaient pas organisé de force ce Sommet des Amériques, expression ultime des processus de négociation antidémocratiques, et s'ils avaient décidé d'abandonner le projet antisocial de ZLÉA, expression ultime d'une mondialisation à sens unique prenant d'assaut tous les droits et libertés fondamentaux des citoyenNEs des Amériques au seul profit des maîtres du marché.
C'est pour toutes ces raisons que la coalition OQP 2001 réclame une amnistie générale pour touTEs les prisonniers et les prisonnières, de même que la libération inconditionnelle de ceux et celles qui croupissent toujours en prison.
Ceux et celles qui se sont fait arrêter pendant le Sommet des Amériques n'accomplissaient que leur devoir élémentaire de citoyenNEs. Lorsque nos dirigeants se réunissent pour agir CONTRE l'intérêt des citoyenNEs, les manifestations de perturbation sont plus que légitimes: elles sont nécessaires. Et ce n'est pas en choisissant la voie de la répression que ces dirigeants «assureront la sécurité de la population»; c'est en cessant de gouverner contre l'intérêt des citoyenNEs. Tant que le projet de ZLÉA sera à l’ordre du jour, nous ne pourrons qu'encourager tout ce qui sera fait pour le perturber. Les forces de l'ordre n’y pourront rien, sinon servir d’organe répressif à des États qui agissent dans le seul intérêt des lobbies qui leur sont chers. Les forces de l'ordre servent l’État et non les citoyenNEs.
Un deuxième sommet, de radicalisation
La participation massive à la Marche des peuples des Amériques et aux autres activités de sensibilisation et de contestation, l'occupation des abords du périmètre de sécurité et les tentatives pour en venir à bout ne sont que quelques preuves de la volonté des citoyenNEs des Amériques de se faire entendre et de faire respecter leurs droits et leurs libertés. Les belles promesses des politiciens et les changements superficiels ne sont plus tolérables; la résistance radicale est nécessaire contre une agression disproportionnée et injustifiable.
Ainsi, le deuxième sommet qui a été atteint à Québec, en réponse au premier, c'est la radicalisation du mouvement d'opposition à la mondialisation sauvage des marchés. Non contents de rompre le dialogue, nos dirigeants ont déclaré la guerre aux forces progressistes des Amériques, et celles-ci ne pouvaient que relever le gant. C'est un vaste mouvement social mieux organisé et plus cohérent qui a offert une résistance plus unitaire que jamais en se rassemblant autour d'un même message: «Non à la ZLÉA!!!»
C'est à ce mot d’ordre que se sont ralliéEs les milliers de déléguéEs des trente-cinq pays des Amériques réunis dans le cadre du Sommet des peuples des Amériques après avoir jugé que les promesses d’une ZLÉA à visage humain ne tenaient pas la route et que les perspectives d’éventuelles clauses démocratiques, sociales et environnementales n’étaient que poudre aux yeux et rhétorique trompeuse visant à faire accepter par les populations un projet d’intégration continentale qui reste radicalement «raciste, sexiste et destructeur de l’environnement».
Ce que rejette ce mouvement? La dictature des marchés. Ce qu'il propose? Une société où les droits et les libertés de l'homme et de la femme seront effectifs, où la solidarité l'emportera sur l'exploitation; bref, une société où le mieux-être de l'humanité dépassera le stade du voeu pieux. De façon tout à fait volontaire, ce mouvement n'oppose pas à proprement parler de modèle au modèle néolibéral; il lui oppose plutôt une attitude d'ouverture et de tolérance propre à voir émerger un projet de société qui tiendra réellement compte des aspirations de l'écrasante majorité de victimes du modèle néolibéral; une attitude qui contraste avec l'intransigeance et le mépris des 34 chefs d'État rassemblés à Québec en avril et des autres promoteurs du modèle néolibéral.
Remerciements et salutations militantes d'OQP 2001
Puisque personne d'autre n'a cru bon de le faire, nous tenons, au nom de ce vaste mouvement dit «antimondialisation», à remercier touTEs les citoyenNEs de Québec qui, par leur ouverture d'esprit et leur appui financier, matériel, moral et humain ont permis l'organisation de la résistance contre les pourfendeurs de la démocratie et de nos droits fondamentaux réunis dans le cadre du Sommet des Amériques et qui ont ainsi contribué à l'avancement d'une cause d'envergure mondiale.
Nous tenons par le fait même à remercier touTEs ceux et celles qui ont ouvert leur domicile à des militantEs ou qui ont offert des salles pour de l'hébergement de groupe. Nous soulignons ici la collaboration des seules autorités politiques qui aient fait preuve de quelque ouverture d'esprit, soit celles de la Ville de Québec, qui ont mis des salles à notre disposition. Bien sûr, nous nous devons aussi de remercier ceux et celles qui, parmi les journalistes, ont su accorder la crédibilité qu'il mérite au message d'OQP 2001.
Le troisième Sommet des Amériques fut somme toute l'occasion d'éveiller les citoyenNEs de Québec et du monde entier aux enjeux de la mondialisation sauvage des marchés, en plus de donner un nouvel élan à un vaste mouvement social que plus rien ne pourra arrêter. D'ici le prochain Sommet des Amériques, les membres d'OQP 2001 continueront de veiller et d'alimenter cette flamme militante qu'a allumée la tenue du Sommet des Amériques dans le coeur des citoyenNEs de Québec pour poursuivre la consolidation du mouvement. Comme le dirait l’un des militants injustement emprisonnés et toujours sous les verrous,
«Ça n'a pas commencé à Seattle, et ça ne s'arrêtera pas à Québec!»
(Jaggi Singh)Prochains rendez-vous: la coalition OQP 2001 invite la population de Québec à participer à deux des manifestations qui souligneront la Fête internationale des travailleurs et des travailleuses ce mardi 1er mai:
À midi, au parc de l'Amérique-française, départ d'une marche du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ); | |
À 18h30, également au parc de l'Amérique-française, départ d'une marche organisée par le Comité d'adieu du Sommet des Amériques (CASA) et la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) pour demander une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques. |
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Pour information:
Stéphane Paquet
Alain Marcoux
Patrice Breton
( Les numéros de téléphone n'étant plus à jour, ils ont été effacés )