To: "Liste: OQP Bulletin" From: "Comm. FSR" Subject: Les democraties contre la violence internationale Bulletin du RƒSEAU du Forum social de QuŽbec et Chaudire-Appalaches Mercredi le 7 mai 2003 L'AssemblŽe, samedi passŽ (3 mai), a dŽcidŽ que le nom de la structure adoptŽe en dŽcembre 2002 (ComitŽ de coordination; rŽseaux thŽmatiques, etc.) serait dŽsormais le RŽseau du Forum social de QuŽbec et Chaudire-Appalaches. Le Forum social est donc le nom consacrŽ ˆ l'Žvnement, soit ˆ un forum social rŽgional tenu probablement annuellement. Notons que dans le nom du RŽseau, le mot rŽgional a ŽtŽ retirŽ. Les autres dŽcisions vous seront communiquŽes dans quelques jours. Notice sur le contenu du Bulletin : Vous avez probablement remarquŽ que le rŽdacteur est un membre de la commission Paix du RŽseau du Forum dŽvouŽ aux droits des gens en Irak, donc que la section Annonces et nouvelles contiennent surtout des articles sur la situation en Irak. Pour diversifier le contenu, le rŽdacteur du bulletin a besoin de vos contributions. Il suffit d'envoyer un article que vous jugez trs pertinent et de qualitŽ ˆ: bulletin(arobas)oqp2001.org J'invite en particulier les trois autres commissions thŽmatiques ˆ choisir quelques textes ˆ partager via ce Bulletin. ::: ============================================= ::: RAPPELS - Jeudi 8 mai - Mouvement des Travailleurs et Travailleuses en Ch™mage de lÕArgentine - Samedi 10 mai - Fte contre le racisme - Mercredi 14 mai - ConfŽrence avec Robert Turcotte, citoyen de QuŽbec qui a ŽtŽ en mission de paix et d'observation indŽpendante pendant l'invasion de l'Irak - Samedi 17 mai - Action pour sauvegarder la Fort de l'Escarpement. Pour revoir les informations sur ces activitŽs, vous pouvez visiter la Grille-Calendrier ˆ http://www.oqp2001.org/fr/bulletin/grille-calendrier.html Ou lire les Bulletins passŽs ˆ: http://www.oqp2001.org/fr/bulletin/bulletin.htm ::: ============================================= ::: *** SOMMAIRE *** I ===> Nouvelles activitŽs... a) Rappel-PrŽcision: 7 mai: RŽunion de la Commission DŽmocratie du Forum b) Les samedi 10 mai et dimanche 11 mai: Manifestif III, un collectif dÕartistes multidisciplinaires, ˆ gŽomŽtrie variable, nŽ aux lendemains du 11 septembre 2001.Ê c) Lundi 12 mai: RŽunion du comitŽ de coordination Žlargi de la coalition OQP2001 d) Lundi 12 mai: PrŽsentation du film 'JŽnine jŽnine' suivi d'une discussion avec un Palestinien et Mme Christiane Gagnon (Bloc quŽbŽcois). e) Les 20, 21 et 22 mai: Exposition sur le choix de la non-violence f) Lundi 22 mai: Les 'guerres prŽventives' US et le droit international . II ===> Annonces et nouvelles 1) 'C'est votre pays maintenant.', par Kathy Kelly, ƒquipe de Paix en Irak, 21 avril 2003. Une description touchante du point de vue actuel des gens en Irak. 2) "Where are the women?", par Natasha Walter dans The Guardian (25 avril 2003) Article-RŽflexions sur la place des femmes irakiennes prŽsentement sous l'occupation... 3) 'NŽo-impŽrialisme', par Ignacio Ramonet dans Le Monde Diplomatique, mai 2003. Une brve analyse critique de l'invasion de l'Irak, de ses consŽquences et des plans dits de dŽmocratie. . *************************** I **************************** ******** NOUVELLES ACTIVITƒS CITOYENNES ******** . : a : :: Mercredi 7 mai, 19h00 :: Rappel-PrŽcision: RƒUNION DE LA COMMISSION DƒMOCRATIE DU FORUM :: Incluant une prŽcision sur les thmes qui seront abordŽs Bonjour, Voici un rappel ou une invitation pour la prochaine rŽunion de la Commission DŽmocratie du Forum social de QuŽbec et Chaudire-Appalaches.(*) Cette rŽunion se tient mercredi, 7 mai 2003, 19h00, dans les locaux des AmiEs de la terre, 1085, de Salaberry, QuŽbec. Lors de la dernire rŽunion nous avons convenu de prŽvoir un bloc important pour amorcer notre travail sur la DƒMOCRATIE PARTICIPATIVE. La soirŽe a donc ŽtŽ prŽparŽe en consŽquence par Diane Lamoureux, SŽbastien Bouchard et le soussignŽ. En outre, nous aurons ˆ l'ordre du jour les sujets suivants: - retour sur l'AssemblŽe gŽnŽrale du Forum social de QuŽbec et Chaudire-Appalaches tenue le 3 mai; - Collectif D'abord Solidaires - informations et suites ˆ donner; - retour sur le Plan de travail et dŽtermination des prochaines Žtapes au regard des 4 axes du mandat de la Commission DŽmocratie: 1. RŽflexion sur les alternatives politiques progressistes (incluant D'Abord Solidaires); 2. RŽforme du mode de scrutin et proportionnelle; 3. DŽmocratie participative; 4. R™le de l'ƒtat et dŽfense des services publics. Nous comptons sur votre prŽsence ˆ cette rŽunion. Ë mercredi, Serge Roy (* Le nom au complet: Commission DŽmocratie participative, dŽsengagement de lÕŽtat, dŽfense et promotion des programmes sociaux et des services publics. -Micha‘l Lessard) ::: ============================================= ::: . : b : :: Les samedi 10 mai et dimanche 11 mai :: MANIFESTIF IIIÊ Ê Manifestif est un collectif dÕartistes multidisciplinaires, ˆ gŽomŽtrie variable, nŽ aux lendemains du 11 septembre 2001.Ê Tous impliquŽs dans lÕunivers de la crŽation, de toutes tendances, de toutes couleurs; Žtudiants, autodidactes, ou artistes professionnels, les participants se dŽploient lors dÕexpo-Žvnements dÕune durŽe de deux jours. Le collectif Manifestif Žtant Žgalement une expŽrience de vie et de crŽation communautaire, les expo-Žvnements se dŽroulent dans des lieux inusitŽs, o les artistes campent, mangent, exŽcutent des Ïuvres et festoient.Ê Moments et espaces privilŽgiŽs pour rŽflŽchir sur lÕimportance de lÕArt, le public est invitŽ ˆ venir aussi cŽlŽbrer et manifester le gožt de la Paix et la beautŽ de la Vie.Ê Les 10 et 11 mai 2003, Manifestif prŽsente son troisime ŽvŽnement, nommŽ ÇÊSacrŽ ManifestifÊÈ, qui se tiendra au Palais des Arts, situŽ au 530, Grande-AllŽe est, ˆ QuŽbec (ancienne Žglise SacrŽ-CÏur-de-Marie, en face de lÕHotel Loews Le Concorde). Ê Tous sont invitŽs au vernissage le samedi, 10 mai, de 14h00 ˆ 17h00. Un ÇÊencan chinoisÊÈ (mise ˆ prix continuelle) se dŽroulera pendant les deux jours, avec fermeture des offres et attribution des Ïuvres le dimanche, 11 mai, de 15h00 ˆ 17h00. En plus de ces moments-clefs de lÕŽvŽnement les portes seront ouvertes au public le samedi de 11h00 ˆ 17h00, et le dimanche de 12h00 ˆ 17h00.Ê - ManifestifÊ Pour informationsÊ: Pierre Fortin, 523-5715 ou 529-2745 pierrefortinqc//arobas//hotmail.com Ê Artistes participants : Ê Micheline BŽdard, Thierry-Nicolas BŽlanger, ThŽrse Casavant, Marie-éve Cournoyer, Maryse Cournoyer, ValŽrie Cousineau-GŽrard, Pierre Fortin, VŽronique Garneau-Allard, Francine Gravel, AndrŽ Legault, Dominique ƒvelyne Malo, Jocelyne H.Morneau, Marinth, Johanne Normand, Sylvie P‰quet, Normand Parent, HŽlne ParŽ, Carmen Rodrigez É de la Torre É, Anne ThŽberge (TŽa), Lyne Tremblay, Jean-Franois Tremblay. ::: ============================================= ::: . : c : :: Lundi 12 mai, 19h :: RƒUNION DU COMITƒ DE COORDINATION ƒLARGI :: DE LA COALITION OQP2001 Bonjour Lundi le 12 mai prochain, ˆ 19h00, aura lieu un comitŽ de coordination Žlargi de la coalition OQP 2001 au 165 rue Carillon. Tous les collaborateurs d'OQP sont invitŽs ˆ venir effectuer un bilan des luttes contre la ZLƒA et la mondialisation nŽolibŽrale et, surtout, ˆ rŽflŽchir sur les perspectives ouvertes par la consolidation du Forum Social QuŽbec Chaudire-Appalaches. En effet, le Forum semble bien lancŽ, du moins si l'on se fie ˆ la participation importante ˆ l'assemblŽe gŽnŽrale de samedi dernier. Puisqu'il avait ŽtŽ convenu que le FSR pouvait remplir en partie la mission qu'OQP s'Žtait donnŽe, il est dŽsormais temps de formaliser notre rŽflexion et, pour cette raison, la tenue d'un coco Žlargi a ŽtŽ jugŽe importante de la part du comitŽ appui. Nous vous proposons donc le projet d'ordre du jour suivant : - bilan des luttes contre la ZLƒA et la mondialisation nŽolibŽrale - bilan de la premire annŽe du Forum Social RŽgional - les perspectives ouvertes par la consolidation du "RŽseau du Forum Social QuŽbec Chaudire-Appalaches" - le fonctionnement d'OQP 2001 et ses rapports avec le RŽseau du Forum Social - finances d'OQP 2001 N'hŽsitez pas ˆ me contacter pour toute demande d'information. Une confirmation de votre prŽsence serait Žgalement fortement apprŽciŽe. Merci beaucoup ! Richard Fecteau Coordonnateur d'OQP 2001 ::: ============================================= ::: . : d : :: Lundi 12 mai, 19h30 :: FILM: JƒNINE JƒNINE (sur la Palestine) PrŽsentation du film 'JŽnine jŽnine' suivi d'une discussion avec un Palestinien et Mme Christiane Gagnon (Bloc quŽbŽcois). Lieu: ˆ la bibliothque Gabrielle Roy (Place Jacques Cartier en basse-ville de QuŽbec) ::: ============================================= ::: . : e : :: Les 20, 21 et 22 mai :: EXPOSITION SUR LE CHOIX DE LA NON-VIOLENCE Exposition sur le choix de la non-violence, conue par la Chapelle internationale Martin Luther King Jr prŽsentŽe par la SGI du Canada avec le soutien de l'Institut M.K.Gandhi Lieu: ˆ l'Žcole secondaire les Etchemins, 3724, avenue des ƒglises, Charny OrganisŽ par le comitŽ Amnistie Internationale plus d'information: usethemcarefully//arobas//hotmail.com ::: ============================================= ::: . : f : :: Jeudi 22 mai, 19h30 :: LES 'GUERRE PRƒVENTIVES' US ET LE DROIT INTERNATIONAL Les Ç guerres prŽventives È US et le droit international BUSH NE SÕARRæTERA PAS SANS NOTRE IMPLICATION CONSCIENTE ET MASSIVE ConfŽrence sur les pays menacŽs par les Ç guerres prŽventives È de Bush et les dŽrogations au Droit International. Participants : Hakim Merdassi de la Coalition QuŽbec-Irak et QuŽbec-Palestine pour le Moyen-Orient, Jairo Milla syndicaliste de la Centrale Unitaire des Travaileur-euse-s pour la Colombie, Michael Walsh de lÕAssociation QuŽbŽcoise des Ami-e-s de Cuba et le professeur de lÕUniversitŽ Laval Maurice Arbour sur le Droit International. Lieu: au sous-sol de lÕƒglise St-Joseph: au 625 Ch‰teauguay (prs de Marie de lÕIncarnation en bas de la Pente Douce) organisŽe conjointement par Carrefour Tiers-Monde RŽseau International pour les Droits Humains et le ComitŽ de lÕArt pour la Paix ::: ============================================= ::: . ************************ II ************************* ************ ANNONCES ET NOUVELLES ************ . : 1 : :: Irak-Rapport indŽp. : 'C'EST VOTRE PAYS MAINTENANT' DESCRIPTION TOUCHANTE DU POINT DE VUE DES GENS EN IRAK par Kathy Kelly, coordonnatrice de Voices in the Wilderness/ƒquipes de Paix en Irak. (Kathy lutte depuis plusieurs annŽes contre ledit 'embargo' et sa diplomatie indŽpendante en Irak a permis de trs nombreuses missions de paix et de solidaritŽ humaine en Irak.) ' C'est votre pays maintenant. ' (Traduit par les ƒquipes de Paix en Irak) Kathy Kelly, ƒquipe de Paix en Irak 21 avril 2003 Je suis prŽsentement assise ˆ Amman ˆ cause de Sattar. Hier matin, il m'a conduite de Bagdad jusqu'ici. Nous avons traversŽ, en silence, les rues fracassŽes et ruinŽes. C'est son histoire qui m'a convaincue de partir. Pendant trois semaines, nous avons attendu nerveusement des nouvelles de Sattar qui, depuis 1996, Žtait notre compagnon irakien le plus proche. Quel soulagement, il y a quatre jours, de le voir entrer finalement dans le lobby de l'h™tel. "S'il te plait, Sattar", l'ai-je suppliŽ, "partage avec nous les oranges et les dattes que nous avons en haut". "Merci", dit-il, "j'observe le ježne aujourd'hui". Il ne nous expliqua pas exactement ce qui motivait son ježne, pas plus qu'il ne nous rŽvŽla de dŽtails concernant la grosse bosse enflŽe sur son front. Au dŽbut de la guerre, il avait amenŽ sa famille vivre avec des parents hors de Bagdad. Aprs plusieurs jours, il Žtait retournŽ pour vŽrifier l'Žtat de la maison familiale. Un missile avait frappŽ une maison avoisinante et deux frres manquaient. Sattar s'est alors rendu ˆ l'h™pital Saddam dans le quartier pauvre et dangereux d'Al Thawra pour les chercher. "J'ai trouvŽ la situation terrible", dit-il. "Beaucoup, beaucoup de gens demandaient de l'aide. Une famille avec cinq blessŽs s'Žtait dŽplacŽe d'une place ˆ une autre, cherchant de l'aide, et quand finalement ils sont arrivŽs ˆ cet h™pital, les cinq membres de la famille Žtaient morts. J'Žtais venu pour demander des nouvelles de deux personnes, mais je me suis dit, ici il y a tellement de personnes qui ont toutes besoin d'aide. Alors j'ai demandŽ au mŽdecin si je pouvais lui tre utile". Sattar a joint ses efforts ˆ ceux de treize volontaires qui aidaient trois mŽdecins alors qu'ils soignaient des centaines de patients. "Au dŽbut, j'ai juste aidŽ en apportant les mŽdicaments et en dŽplaant les patients. Vous savez, avant je ne pouvais mme pas regarder les gens souffrir, le sang, les blessures. Mais j'ai commencŽ ˆ apprendre comment faire des injections intraveineuses. Je pouvais nettoyer des blessures et mettre des pansements". Il a travaillŽ ˆ h™pital pendant douze jours. "Il y a un mŽdecin, nommŽ Thamer", nous dit Sattar avec une certaine admiration, "et il est restŽ dans la salle d'opŽration pendant deux jours et deux nuits, sans aucune pause, effectuant 75 opŽrations d'urgence. Nous entendions des coups de feu ˆ l'extŽrieur, mais heureusement, plusieurs cheikhs et imams ont pu protŽger l'h™pital". "Si vous allez ˆ cet h™pital, vous pourrez y tre tŽmoin de toutes sortes de scnes en mme temps", continua-t-il. "Des gens qui essaient de tuer, d'autres qui tentent de voler, d'autres qui essaient d'aider en nettoyant l'h™pital, en prŽparant de la nourriture, en ramenant des patients, des cheikhs et des imams qui prodiguent des conseils". Quelques mŽdias occidentaux sont venus ˆ h™pital et ont interviewŽ Sattar. Un journaliste a voulu pousser l'idŽe que les Irakiens devraient tre reconnaissants pour leur libŽration. Sattar essaya d'expliquer l'ampleur des souffrances dont il avait ŽtŽ tŽmoin, mais le journaliste insista pour donner ˆ l'entretien une tonpositif. Sattar lui dit alors : "Partez maintenant". Des larmes lui remplissaient les yeux en dŽcrivant ce qu'il avait vu sur les routes en conduisant ˆ Bagdad. "J'ai vu de mes propres yeux plusieurs chars protŽger le Ministre du pŽtrole. Ils ont besoin des cartes et des informations. Mais ils ne font rien pour aider la population, les h™pitaux, les entrep™ts de nourriture. Les compagnies amŽricaines essaient dŽjˆ de rŽparer les raffineries de pŽtrole afin de produire de 2 ˆ 6 millions de barils par jour; ceci va faire chuter le prix du pŽtrole. Ils peuvent contr™ler le prix du pŽtrole pour servir les intŽrts amŽricains". Il aussi vu un char d'assaut Žtasunien devant un Žnorme site d'entreposage, o Žtait stockŽe une quantitŽ de blŽ et de riz suffisante pour une ou deux annŽes. Il a entendu un officier amŽricain avec un accent kowe•tien donner l'ordre au char de faire exploser l'entrŽe et ensuite dire aux gens qui Žtaient lˆ debout "Prenez ce dont vous avez besoin. Ensuite, vous pouvez y mettre le feu". Douze jours plus tard, Sattar est retournŽ voir sa famille pour leur faire savoir qu'il allait bien et pour ramener son frre Ali ˆ Bagdad. Ë un point de contr™le, un soldat amŽricain le questionna. "Je portais des jeans et, en essayant d'tre amical, il a touchŽ la jambe de mon pantalon et il m'a dit : 'C'est bon a'. Je lui ai rŽpondu: 'Oui, mais ils ont ŽtŽ fabriquŽs en Chine, pas aux ƒtats-Unis' ". Surpris de voir Sattar parler anglais, le soldat lui demanda :"ætes-vous content que nous soyons ici?" "J'ai rŽpondu 'Non' -les yeux de Sattar se sont encore remplis de larmes- je souhaiterais avoir tuŽ avant que vous ne nous dŽtruisiez. Vous avez dŽtruit nos maisons et notre 'grande maison' (Bagdad). Maintenant, vous devriez rentrer chez vous". Son frre essaya de le retenir : "Es-tu fou?" demanda Ali. "Qu'est-ce que tu es en train de dire?" Le soldat dit ˆ Sattar : "Je pourrais te tirer dessus maintenant". "Oui", lui dit Sattar, "tu peux le faire. Personne ne peut te faire quoi que ce soit. Vous tes forts maintenant, mais attendez trois mois. Qu'allez-vous dire aux gens alors? Vous ne pouvez pas gŽrer la situation vous-mmes. Vous n'tes pas en mesure de protŽger les civils contre eux-mmes". Comme beaucoup de rŽsidents de Bagdad, Sattar n'en revient pas de ce qui est arrivŽ ˆ la Garde RŽpublicaine et au rŽgime ˆ Bagdad. "Oum Qasr est un petit village. Et ils ont pu rŽsister pendant 15 jours. Pouvez-vous imaginer que toute la puissance concentrŽe ˆ Bagdad n'ait pas pu rŽsister deux jours?" Il resta silencieux pendant quelques instants sombres. "Rien n'a changŽ", dit-il. "Seul Saddam est parti". "Que vas-tu faire maintenant?" lui demandai-je. "Demain" me dit-il, "j'irai en Jordanie pour reprendre mon travail de chauffeur". J'ai grimacŽ. Un homme douŽ, courageux et aimable, un ingŽnieur civil bien instruit et souffrant de ne pouvoir mettre ses qualifications en pratique, lui qui n'a jamais joint les rangs du parti Ba'ath, qui s'est efforcŽ pendant plus d'une dŽcennie de prŽserver les valeurs simples de sa foi et de sa culture, doit reprendre un travail de chauffeur et ramener plus d'Occidentaux pour reconstruire son pays ravagŽ par la guerre. "Au moins, Sattar," dit Cathy Breen tristement, "maintenant vous n'aurez plus autant de problmes ˆ aider des AmŽricains ˆ franchir la frontire". "Vous avez raison", dit Sattar. "C'est votre pays maintenant". Peu de temps aprs le dŽpart de Sattar, Cathy Breen et moi avons dŽcidŽ de faire nos valises. Thomas Paine a dŽjˆ dit: "Mon pays est le monde. Ma religion est de faire le bien". Je ne veux pas de pays. Mais un Žnorme travail nous attend, aux ƒtats-Unis, pour essayer de convaincre les gens que nos styles de vie de surconsommation et de gaspillage ne valent pas le prix payŽ par ceux que nous conquŽrons. En atteignant la rŽgion d'industrie laitire d'Abou Ghraib, en conduisant hors de l'Irak, une puanteur terrible remplit l'air. Nous avons ŽtŽ informŽes que beaucoup de cadavres humains et de bŽtail jonchaient le sol dans ce secteur. C'est sur cette portion de la route que nous avons croisŽ une longue file de vŽhicules de l'armŽe amŽricaine, phares allumŽs, arrivant pour remplacer les "Marines". Le convoi vert olive ressemblait ˆ un cortge funbre. J'ai ressenti une vague de soulagement en songeant que des compagnons de Voices in the Wilderness demeuraient ˆ Bagdad. Un jour, dans un proche avenir, j'espre les rejoindre. Mais, pour le moment, je dois trouver une manire de dire, clairement, "Non, Sattar, l'Irak n'est pas mon pays". ::: ============================================= ::: . : 2 : :: ARTICLE-RƒFLEXIONS SUR LA PLACE DES FEMMES IRAKIENNES PRƒSENTEMENT SOUS L'OCCUPATION... http://www.guardian.co.uk/comment/story/0,3604,943175,00.html Where are the women? Men dominated Saddam's Iraq. Worryingly, they are also taking control of its future Natasha Walter Friday April 25, 2003 The Guardian Now that the war has juddered to a halt, conflicting interests within Iraq have come to the fore. The future of Iraq will be determined by how these conflicts play out: not just the struggle between the occupying powers and the Iraqis, but also the jockeying for power among Iraqis - among Sunni and Shia, Kurd and Arab, secularist and Islamist. But one aspect of the power-play is hardly being discussed: what kind of role does it leave for Iraqi women? While the occupiers justify the war in terms of the liberation of the Iraqi people, half of the Iraqi people do not seem to be celebrating their freedom with much vigour. Iraqi women have become almost invisible, almost unheard. Reporters talk to Iraqi men on the streets, not Iraqi women in their homes. They talk to those men who are building influence, such as Ahmad Chalabi, or the Shia cleric Mohammed Baqir al-Hakim. The demonstrations and conferences where individuals are jockeying for position are peopled by row upon row of men. That has long been the case - when the Iraqi opposition groups in exile met in London last December, there were only three women nominated to the 65-strong committee. And when America gathered a meeting of its chosen leaders at Ur last week, only one woman's voice was heard. If the political arenas sponsored by the occupiers are not particularly friendly to women, neither, apparently, are the demonstrations of dissent. At the Shia demonstration last week in Nassiriya, where thousands of men shouted, "No to Saddam, No to America," one participant told a journalist: "There are no women here. Under Islamic law they cannot be here. They should remain in the home." When I spoke to Iraqi women in exile during the past few days in an attempt to understand why women are being squeezed out of these power games, they emphasised how women in Iraq had been ground down by decades of war and poverty and tyranny. Indeed, we can hardly imagine how ordinary women are suffering from the effects of this war, from the deaths and injuries and chaos it has brought. And this suffering has not arrived out of the blue, but after many long years of poverty and war. Economic sanctions pressed particularly harshly on women. Large numbers of female-headed households - widowed by the Iran-Iraq war and the first Gulf war - bore the brunt of the contraction of the economy and the collapse of public services, since even highly educated women lost their jobs and struggled to keep their families above water. The effect of poverty on women was compounded by their sense of insecurity. Dr Nadje Al-Ali, an Iraqi academic who now lives in the UK, has been struck by the rise in social conservatism in Iraq over the past decade, shown by the way that young women now wear hijab (Islamic dress) and tend not to go out alone. She puts this down not so much to a rise in religious feeling as a rise in insecurity. Honour killing - the murder of women by family members if they are thought to have engaged in immoral behaviour - was legalised by Saddam Hussein's government, and suspected prostitutes were targeted by the regime for public execution. Women are unlikely to feel secure, even with the removal of Saddam Hussein's government, while the situation is so volatile and power is being fought for by men toting weapons on the streets. It is understandable that women would hold back from the sort of jockeying for position that is only one step away from war. But such a dire situation, in which women seem to be almost completely silenced, should not continue. After all, Iraqi women are not just victims. On the contrary. Iraq has a strong tradition of women's education and employment. It is often suggested in the west that the Arab and Muslim world as a whole is unable to tolerate women's presence in public life, but this is wide of the mark. Even in a theocracy like Iran, women take on political roles and outnumber men in further education, and in secular states such as Jordan, Syria and Turkey women's education and employment are taken for granted. Zakia Hakki, who lives in the US and is helping to advise the fledgling interim administration on the reform of Iraq's legal code, was appointed Iraq's first female judge in 1959. "Fifty years ago," she says, "women had a very good position in Iraq." Some Americans seem to think that their presence in Iraq will bring straightforward benefits to Iraqi women. They cite the fact that Barbara Bodine, the leader of the American administration in Baghdad, is a woman and has often spoken about her desire to see the empowerment of Arab women. But in the current situation, a push from the US government on behalf of Iraqi women could simply backfire. Dr Shatha Besarani, of the Iraqi Community Association in London, is keen to see women coming into the new political structure, but is aware that if such an initiative was identified with the US and Britain, it might be dismissed by Iraqi men as a foreign imposition. "They could say that these are not real Iraqi women," she said. Similarly, some Iraqi women who live in Europe who spoke to me said that they still felt reluctant to get involved in any initiative that might seem to legitimise the American and British invasion of their country. But this does not mean that Iraqi women's interests should be ignored by the international community. It would be a disaster if disapproval of the war meant that outsiders held back from building bridges to women in Iraq. All the Iraqi women I spoke to believed that women in Iraq would welcome help that came from interests other than the occupying forces - from UN projects or non-governmental organisations, both western and Arab. Ala Talabani, of the Women's Union of Kurdistan, was the most hopeful of all the women I spoke to, because she has watched women coming back into public life in the Kurdish areas of northern Iraq. There, too, women were slow at first to make themselves heard, but a couple of months after autonomy became effective. "We couldn't believe how women came forward," she says. "They were thirsty for their rights. They were desperate to express their feelings." There, women have already achieved changes in the law in order to make honour killing a crime, and have set up their own media outlets and independent women's organisations. "I do believe in women's capabilities to change their society," Talabani says determinedly. If such determination is now given the resources to flower throughout the country, then it surely represents the best hope for the Iraqi people. But if the dreams of women like these are allowed to wither, then the possibility of a free society in Iraq will die with them. N.Walter//arobas//btinternet.com ::: ============================================= ::: . : 3 : :: NƒO-IMPƒRIALISME, par Ignacio Ramonet dans Le Monde Diplomatique, mai 2003. Une brve analyse critique de l'invasion de l'Irak, de ses consŽquences et des plans dits de dŽmocratie. http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/RAMONET/10073 NŽo-impŽrialisme Par IGNACIO RAMONET ÇÊC'est un grand jour pour l'IrakÊ!ÊÈ, a dŽclarŽ le gŽnŽral amŽricain Jay Garner en dŽbarquant dans Bagdad bombardŽe et pillŽe, comme si son auguste apparition signifiait la fin miraculeuse des mille et un flŽaux qui accablent l'ancienne MŽsopotamie. Le plus stupŽfiant n'est pas tant l'indŽcence du propos que la manire rŽsignŽe, apathique, dont les grands mŽdias ont couvert l'installation de celui qu'il faut bien appeler le ÇÊproconsul des Etats-UnisÊÈ. Comme s'il n'y avait plus de droit international. Comme si nous Žtions revenus ˆ l'Žpoque des mandatsÊ(1). Comme si c'Žtait finalement normal que Washington dŽsigne un officier supŽrieur (en retraite) des forces armŽes amŽricaines pour gouverner un Etat souverain... Prise sans mme consulter les membres fant™mes de la ÇÊcoalitionÊÈ, cette dŽcision de nommer un officier supŽrieur pour gŽrer un pays vaincu rappelle f‰cheusement d'anciennes pratiques du temps des empires coloniaux. Comment ne pas songer ˆ Clive gouvernant l'Inde, ˆ lord Kitchener commandant l'Afrique du Sud ou ˆ Lyautey administrant le MarocÊ? Et dire qu'on croyait ces abus condamnŽs ˆ jamais par la morale politique et par l'histoire... Cela n'a rien ˆ voir, nous dit-on, il faut plut™t comparer cette ÇÊtransition en IrakÊÈ ˆ l'expŽrience du gŽnŽral Douglas MacArthur au Japon aprs 1945. N'est-ce pas plus inquiŽtantÊ? N'avait-il pas fallu les destructions atomiques des villes d'Hiroshima et de Nagasaki, bref presque l'Apocalypse, pour que l'AmŽrique dŽcide de nommer un gŽnŽral administrateur d'une puissance rivale vaincueÊ? A une Žpoque o l'Organisation des nations unies (ONU) ne fonctionnait pas encore. Or l'ONU existe, du moins thŽoriquementÊ(2). Et l'invasion de l'Irak par les forces amŽricaines (avec leurs supplŽtifs britanniques) ne vient aucunement parachever une quelconque troisime ou quatrime guerre mondiale... A moins que le prŽsident George W. Bush et son entourage ne considrent les attentats du 11 septembre 2001 comme l'Žquivalent d'un conflit mondial... Certes, le gŽnŽral Garner a laissŽ entendre que cette occupation ne serait pas ŽternelleÊ: ÇÊNous resterons le temps qu'il faudra, a-t-il affirmŽ, et nous partirons le plus rapidement possibleÊ(3).ÊÈ Mais l'histoire nous enseigne que ce ÇÊtemps qu'il faudraÊÈ peut durer. Ayant envahi les Philippines et Porto Rico en 1898, sous le prŽtexte altruiste de ÇÊlibŽrerÊÈ ces territoires et leurs populations du joug colonial, les Etats-Unis en vinrent trs vite ˆ remplacer l'ancienne puissance dominante. Aprs avoir rŽprimŽ les rŽsistants nationalistes, ils ne quittrent les Philippines qu'en 1946, tout en continuant d'intervenir dans les affaires du nouvel Etat et en soutenant, ˆ chaque Žlection prŽsidentielle, le candidat de leur choix, dont le dictateur Ferdinand Marcos, qui resta au pouvoir de 1965 ˆ 1986... Et ils continuent d'occuper Porto Rico... Mme au Japon et en Allemagne, cinquante-huit ans aprs la fin de la guerre, la prŽsence de l'armŽe amŽricaine reste massive. En voyant dŽbarquer ˆ Bagdad ce gŽnŽral Garner et son Žquipe de 450 administrateurs, on ne pouvait s'empcher de penser que les Etats-Unis, en cette phase nŽo-impŽriale, reprenaient ˆ leur charge ce que Rudyard Kipling a appelŽ ÇÊle fardeau de l'homme blancÊÈ. Ou ce que les grandes puissances, ds 1918, qualifiaient de ÇÊmission sacrŽe de civilisationÊÈ en direction de peuples incapables ÇÊde se diriger eux-mmes dans les conditions particulirement difficiles du monde moderneÊ(4)ÊÊÈ. Le nŽo-impŽrialisme des Etats-Unis renouvelle la conception romaine d'une domination morale - fondŽe sur la conviction que le libre-Žchange, la mondialisation et la diffusion de la civilisation occidentale sont bonnes pour tout le mondeÊ-, mais aussi militaire et mŽdiatique, exercŽe sur des peuples considŽrŽs plus ou moins comme infŽrieursÊ(5). Aprs le renversement de l'odieuse dictature, Washington a promis d'Žtablir en Irak une dŽmocratie exemplaire, dont le rayonnement entra”nera, impulsŽ par le nouvel Empire, la chute de tous les rŽgimes autocratiques de la rŽgion. Y compris, assure M.ÊJames WoolseyÊ(6), ancien directeur de la CIA et proche du prŽsident Bush, ceux d'Arabie saoudite et d'Egypte... Une telle promesse est-elle crŽdibleÊ? Evidemment non. M.ÊDonald Rumsfeld, ministre de la dŽfense, s'est d'ailleurs h‰tŽ de prŽciser que ÇÊWashington refusera de reconna”tre un rŽgime islamique en Irak mme si c'Žtait le dŽsir de la majoritŽ des Irakiens et s'il reflŽtait le rŽsultat des urnesÊ(7)ÊÊÈ. C'est une vieille leon de l'histoireÊ: l'Empire impose sa loi au vaincu. Il en est cependant une autreÊ: celui qui vit de l'Empire pŽrira aussi par lui. IGNACIO RAMONET LE MONDE DIPLOMATIQUE | MAI 2003 | Page 1 http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/RAMONET/10073 --- Notes de rŽfŽrence ˆ : (1) InventŽ ˆ la fin de la guerre de 1914-1918, le rŽgime du ÇÊmandatÊÈ remplaa celui de ÇÊprotectoratÊÈ, terme considŽrŽ par le prŽsident amŽricain Woodrow Wilson comme trop colonialiste... (2) Mme si certains des ÇÊfauconsÊÈÊles plus fanatiques de Washington, tel Richard Perle, en annoncent dŽjˆ la ÇÊchuteÊÈ. Cf. Le Figaro, 11 avril 2003. (3) El Pa’s, Madrid, 22 avril 2003. (4) Cf. Yves Lacoste, Dictionnaire de gŽopolitique, Flammarion, Paris, 1993, p. 964. (5) A cet Žgard, l'attitude de la France et de l'Allemagne, opposŽes ˆ la guerre contre l'Irak, a permis d'Žviter que, au sein des opinions publiques arabes, ce conflit apparaisse comme l'expression d'un ÇÊchoc de civilisationsÊÈ. (6) The International Herald Tribune, Paris, 8 avril 2003. (7) El Pa’s, op. cit. ::: ============================================= ::: . : 4 : :: TOUS "LIBƒRƒS", CHIITES ET SUNNITES AFFICHENT LEUR VOLONTƒ DE COEXISTENCE PACIFIQUE par Robert Belleret dans Le Monde, 26 avril 2003. http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3218--318196-,00.html Tous "libŽrŽs", chiites et sunnites affichent leur volontŽ de coexistence pacifique LE MONDE | 26.04.03 | 13h26 Bagdad de notre envoyŽ spŽcial A l'entrŽe de Saddam-City, l'immense quartier chiite de Bagdad, une fresque ˆ la gloire de Saddam Hussein a ŽtŽ recouverte de graffitis proclamant: "Chiites, sunnites, Kurdes, nous ne sommes qu'un seul Irak libreÊ!"Aprs la prire du vendredi, bien plus spectaculaire du c™tŽ chiite, les fidles des deux doctrines sont symboliquement allŽs ˆ la rencontre les uns des autres sur le pont Al-Adamh, comme si nul contentieux n'opposait ici les deux courants de l'islam alors que, depuis l'Empire ottoman, les sunnites, minoritaires, exercent le pouvoir sur la majoritŽ chiite qui reprŽsente 60Ê% de la population. L'entente cordiale affichŽe trouve un dŽbut d'explication dans le fait que l'immense majoritŽ des Bagdadis se disent aujourd'hui "libŽrŽs" Ð sans que l'on puisse mesurer le degrŽ d'anciennetŽ et de sincŽritŽ de leur rejet du rŽgime baasiste. Pour autant, on cherchera en vain un musulman souhaitant une installation prolongŽe des "envahisseurs" et "infidles" amŽricains. Alors que les sunnites font preuve d'une grande discrŽtion, les chiites occupent le terrain, comme l'a illustrŽ le plerinage de Kerbala, avec ses foules impressionnantes. "En divisant pour rŽgner, les rois et les prŽsidents de ce pays, jusqu'ˆ Saddam Hussein, ont toujours essayŽ d'opposer les deux communautŽs, affirme Moustapha Selim Fadul, un sunnite de 30Êans, fonctionnaire au ministre des finances. Mais, en rŽalitŽ, les dŽsaccords entre nos deux courants sont marginaux. Les chiites s'imposent des rgles plus sŽvres parce qu'ils considrent que la souffrance augmente la gr‰ce. Cela dit, nous pouvons aller prier dans les mmes mosquŽes." Les mariages entre sunnites et chiites n'en restent pas moins rarissimes et particulirement mal vus par ces derniers. Dans les ministres, comme dans les universitŽs, les chiites Žtaient sous-reprŽsentŽs sous Saddam Hussein. Pour faire partie de la garde spŽciale du prŽsident, ou des services de renseignement, il fallait tre sunnite. Le sunnite Moustapha Selim Fadul reconna”t avoir adhŽrŽ au parti Baas parce que c'Žtait le seul moyen de pouvoir entreprendre des Žtudes supŽrieures. ConsidŽrant que la prise Žclair de Bagdad "ne signifie pas que les Irakiens sont des l‰ches, mais qu'ils ne voulaient pas mourir pour un tyran", M.ÊFadul est plut™t optimiste pour l'avenir. "Je ne crois pas qu'il y ait de dŽsir de revanche de la part des chiites. S'il y a des Žlections libres, comme je l'espre, ils obtiendront une reprŽsentation correspondant ˆ leur poids, sans pour autant chercher ˆ imposer une rŽpublique islamique." Les Iraniens ne seraient d'ailleurs pas favorables, selon lui, ˆ l'instauration d'une telle rŽpublique qui risquerait de dŽplacer le centre de gravitŽ du chiisme vers l'Irak, son berceau au temps de l'ancienne MŽsopotamie. Mazun, 37Êans, mŽcanicien, Žgalement sunnite, pense, lui, que "l'avenir ne sera pas rose parce que les AmŽricains ne tiendront pas leurs promesses de repartir au bout de quelques mois". Il admet que le rŽtablissement de la sŽcuritŽ et l'organisation d'Žlections pourraient prendre "un peu de temps", mais il fixe des limites. "Nous allons Žcouter nos imams et nous armer de patience mais, si la passation de pouvoir n'intervient pas rapidement, nous chasserons les AmŽricains, sunnites et chiites rŽunis." Mohammed Al-Hamud, un instituteur chiite de 48Êans dont l'Žcole restera fermŽe jusqu'ˆ la rentrŽe, partage ce point de vue... avec, cependant, une nuance de tailleÊ: "Nous ne voulons pas de la dŽmocratie, qui n'est pas bonne car elle amnerait les valeurs de l'Occident, mais d'un dictateur juste qui respecte toutes les religions." Parce qu'il ne pardonne pas aux AmŽricains d'avoir "ŽcrasŽ des innocents sous leurs bombes puis d'avoir tirŽ sur des voitures civiles", on sent bien que sa patience sera de courte durŽe. Loin de faire preuve d'animositŽ ˆ l'encontre de leurs "frres" sunnites, beaucoup de chiites imputent les injustices dont ils ont ŽtŽ victimes aux seuls dirigeants de l'ancien rŽgime. "Alors que les sunnites et les chiites n'ont jamais voulu vivre dans des quartiers ou des rŽgions sŽparŽs, Saddam Hussein s'est efforcŽ de les y contraindre, souligne ainsi Youssef Al-Rachid, 28Êans, Žtudiant en lettres et chiite trs pratiquant. Ainsi, au dŽbut des annŽes 1990, les activistes baasistes ont eu recours ˆ tous les moyens de coercition pour expulser vers le sud les chiites qui rŽsidaient ˆ Bagdad et n'y avaient pas ŽtŽ enregistrŽs lors du recensement de... 1957." Rien d'Žtonnant ˆ ce que les dirigeants religieux chiites exercent aujourd'hui plus radicalement leur droit ˆ la parole. Les AmŽricains sont dŽsormais la cible. Les "occupants"gardent sans doute en mŽmoire le fait qu'en 1914 les AlliŽs Ð d'abord accueillis comme de possibles libŽrateurs des Turcs Ð avaient dž rapidement faire face ˆ un terrible "retournement" des populations musulmanes rŽpondant ˆ l'appel au djihad (guerre sainte) lancŽ depuis Constantinople. Quant aux chiites qui, lors de la guerre contre l'Iran, avaient obŽi ˆ un rŽflexe nationaliste pour combattre au c™tŽ des sunnites, ils ne peuvent oublier que, lorsque leur soulvement a ŽtŽ impitoyablement rŽprimŽ par la Garde rŽpublicaine de Saddam Hussein, en 1991, aprs l'expulsion de l'armŽe irakienne du Kowe•t, ils ont ŽtŽ l‰chŽs par les AmŽricains. Robert Belleret - ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.04.03 ::: ============================================= :::