***************************************
Bulletin de la coalition
Opération Québec Printemps 2001
No 5, le 15 novembre 2000

**************************************

Dans ce numéro:

1) Communiqué de presse sur le périmètre de "sécurité"
2) Quoi de neuf dans les comités
3) Le calendrier
4) Revue de presse
5) À propos de ce bulletin

_________________________________________
Communiqué de presse sur le périmètre de «sécurité»_____________________
 
Sommet des Amériques
Le Sommet des Amériques se tiendra-t-il dans un État totalitaire ?
(
Québec, 2 novembre 2000) La Coalition régionale Opération Québec Printemps 2001 réagit aujourd'hui à l'annonce faite par les services de police affectés à la sécurité du Sommet des Amériques qui se tiendra en avril 2001 à Québec.

Ce mercredi 1er novembre, la Gendarmerie royale du Canada, la Sûreté du Québec, la Sûreté municipale de Québec et la Sûreté municipale de Sainte-Foy rendaient publiques les mesures spéciales de sécurité qui seront mises en œuvre lors du Sommet des Amériques en avril prochain, déjà présentées par la GRC comme constituant la plus imposante opération de sécurité jamais effectuée sur le territoire canadien. «Par maints aspects, ces mesures ne constituent rien de moins qu'une entrave extrêmement sérieuse aux droits fondamentaux de la personne et aux libertés civiles des citoyenNEs; elles illustrent parfaitement le caractère répressif et antidémocratique de la mondialisation des marchés», a déclaré Stéphane Paquet, porte-parole de la Coalition OQP 2001.

Premièrement, la délimitation d'un « périmètre de sécurité » excessif et pour l’instant défini comme une zone clôturée de 3,8 km englobant le Vieux-Québec, allant grosso modo du Château Frontenac à la rue Claire-Fontaine pour l’axe est-ouest et des Plaines d’Abraham aux rues d’Aiguillon et Richelieu pour ce qui est de l’axe nord-sud, dépasse largement la stricte et légitime protection des citoyens et citoyennes de Québec et de ceux et celles qui prendront part au Sommet des Amériques. Elle vise principalement à restreindre le droit de manifester démocratiquement toute objection à la création de la ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques). « Les autorités policières semblent oublier que la manifestation pacifique est un droit et non un privilège» a souligné Lisa Goodyer, également porte-parole pour OQP 2001.

Par ailleurs, rappelons que la nécessité pour les résidentEs et les travailleurEUSEs du périmètre de sécurité, soit au total plus de 25 000 citoyens et citoyennes, d'obtenir auprès des forces policières un laisser-passer pour se rendre à leur domicile ou à leur lieu de travail n’est pas digne d’une société et d’un État qui prétendent à la démocratie. « L’érection d’un tel périmètre, qui se présente comme une véritable atteinte à la libre-circulation des personnes, est symptomatique d’une absence de légitimité flagrante des négociations en cours. En effet, ces négociations sur la ZLÉA se déroulent à huis-clos, les documents ne sont nullement rendus accessibles et nos propres députés, tant au niveau provincial que fédéral, n’ont même pas voix au chapitre, ne serait-ce que pour amorcer un débat en Assemblée », d’ajouter monsieur Paquet. La création d’un tel périmètre et les mesures d’identification et de contrôle qui l’encadrent, de même que la déclaration du Ministre de la Sécurité, monsieur Serge Ménard, qui « prévoit le pire, tout en ne le souhaitant pas », mais qui annonce tout de même que la prison d’Orsainville sera éventuellement vidée de ses occupants afin de parer à ce « pire », sont des plus troublantes. Quoiqu’en dise l’inspecteur Gaétan Labbé, de la Sûreté Municipale de Québec, ces mesures se comparent très facilement au tristement célèbre Mur de Berlin. « De telles mesures de sécurité, doublées de déclarations alarmistes, voire menaçantes, ne peuvent se lire que dans le sens d’une intimidation visant à réduire l’ampleur et à annihiler des protestations et des réclamations qui n’ont désormais nulle autre tribune que celle de la rue», d’affirmer Lisa Goodyer. « Vous avez le droit de manifester pacifiquement, nous dit-on, mais sachez toutefois que la sécurité publique sera érigée en un système policier d’une ampleur inusitée au Canada, que vous devrez vous limiter à certains lieux pré-déterminés, et qu’une prison comportant plus de 500 places sera rendue vacante pour l’occasion…Pour des groupes et organismes tels OQP 2001, une coalition qui milite afin de sensibiliser la population aux enjeux du libre-échange, qui réclame à corps et à cri plus de transparence, voire un débat public sur la question de la création d’une Zone de Libre-Échange des Amériques, et qui souhaite mobiliser le plus de personnes possibles, et de tout horizon, autour de manifestations pacifiques, il est absolument scandaleux d’assister ainsi à des manœuvres d’intimidation. », de compléter madame Goodyer. En annonçant ainsi des mesures de sécurité présentées comme étant indispensables, et allant de soi dans le contexte du Sommet des Amériques, on habitue sournoisement la population à l'idée qu'il y aura nécessairement répression... « L’opinion publique doit demeurer critique devant le discours des autorités qui vise à faire accepter et à banaliser l'usage de cette violence institutionnalisée. Comme le soulignait à juste titre le chanteur populaire Luck Mervil suite au G20, la police affirme qu'elle n'a "pas les moyens" de lutter contre les groupes de motards criminalisés, qui répandent une réelle terreur. Cependant, s'annonce la moindre manifestation, et là on déploie un arsenal dernier cri, digne d'un salon de la police...  », de rapporter monsieur Paquet. Devant de telles manœuvres coercitives, OQP 2001 choisit, tant au niveau des principes que de la stratégie, de répondre par la dénonciation, la sensibilisation et la mobilisation la plus large possible, et ce en respectant un code d’éthique strictement non-violent. « À la violence intimidatrice des mesures de sécurité mises de l’avant dans le cadre du Sommet des Amériques, il nous faut répondre par une non-violence informée et articulée autour d’un mouvement de protestation qui se doit de ramener le débat sur des enjeux de fond, soit la mise en place d’une Zone de Libre-Échange des Amériques qui se négocie actuellement hors de tout cadre démocratique acceptable », de conclure madame Goodyer.

_____________________________

Quoi de neuf dans les comités_____________________


Comité de communication

Le comité de communication d’OQP veille activement à la construction d’outils permettant de mieux faire connaître la coalition (et les effets dévastateurs de la mondialisation des marchés) à la population en général.    Récemment, le comité a travaillé à la rédaction du Manifeste contre le Sommet des Amériques, qui devrait être adopté lors de la prochaine réunion du comité de coordination.  Cet outil servira notamment pour le comité appui à recueillir des appuis politiques.  Nous prévoyons éventuellement publier ce manifeste et une liste des signataires (consentantEs) dans une page publicitaire d’un média de masse. Il prendra également la forme d’une pétition. 

Des sous-comités de travail viennent d’être formés pour des tâches précises, au sein du comité de communication.  Le comité journal préparera la rédaction d’un dossier spécial sur la mondialisation, qui sera publié en janvier dans le journal communautaire Droit de Parole.  Le comité lettres et articles de fond veillera à fournir aux médias communautaires et de masse des dossiers et lettres d’opinions.  Finalement, il y a les comités site Internet et Bulletin.

Il y a donc un grand dynamisme mais aussi beaucoup de tâches à remplir au sein du comité de communication.  Si l’une ou l’autre de celles-ci heurtait votre fibre militante, n’hésitez pas à contacter le comité via l’adresse électronique ci-dessous.

Il va sans dire que la contribution de tout le monde, membres et sympathisantEs de la coalition, est de toute façon nécessaire afin que les outils préparés amoureusement par les membres du comité de communication soient diffusés largement et puissent ainsi remplir pleinement leur rôle.

 Carmen Duplain
Pour le comité de communication

communication(arobas)oqp2001.org

Comité appui

 Au comité appui, nous travaillons toujours à l’hébergement et à la bouffe. Nous avons débuté la location de salles pour la durée du Sommet des Amériques.  Nous sommes en train de monter les budgets pour la logistique et un calendrier de tâches.

Sébastien Bouchard
Pour le comité appui
appui(arobas)oqp2001.org

_____________

Le calendrier_____________________


FORMATIONS
bullet
Jeudi le 30 novembre, à 13h30, au Centre des femmes de la Basse-Ville,
380 St-Vallier ouest
Café-rencontre:  Les femmes et la mondialisation
Pour aller plus loin dans nos réflexions et voir 
les conséquences de la mondialisation et ses 
répercussions sur les conditions de vie des femmes.
Animé par Hélène Vallières
Informations : 648-9092
bullet
Mercredi le 22 novembre, à 12h00, à la salle des pas perdus 
(hall principal) du Cégep F.-X.-Garneau
Formation : Mondialisation et réinvestissement dans les programmes sociaux
Animé par Sébastien Bouchard
bullet
Lundi le 27 novembre, à 12h00, à la salle des pas perdus du Cégep F.-X.-Garneau
Formation : Mondialisation et éducation
Animé par Hélène Vallières et Renaud Blais 

bullet
Informations : formation(arobas)oqp2001.org
DÉVELOPPEMENT ET PAIX DE L’UNIVERSITÉ LAVAL  

bullet
Jeudi le 23 novembre, de 11h30 à 13h30, 
au local 1-C du Pavillon De Koninck
Conférence : La globalisation du monde… 
de la mondialisation à la globalisation : laisser faire ou faire ? 
Par Jacques B. Gélinas, sociologue et auteur 
des livres ''Et si le Tiers Monde s'autofinançait'' 
et ''La globalisation du monde: laisser faire ou faire ?'' 
Informations : Marie-Chantal Couture, 656-2673
ALTERNATIVES
bullet
Jeudi le 23 novembre, 19h30 au Centre Communautaire Lucien Borne, 
salle #405(100, chemin Ste-Foy, Québec)
La santé, malade de néolibéralisme.
En quoi une analyse plus globale, qui dépasse les cadres stricts du système 
de soins de santé, nous permettrait de découvrir les sources de l’incapacité
du système à répondre à nos besoins?  Quels sont les impacts de la 
mondialisation sur la santé et les effets des politiques sur les personnes marginalisées?
Invitées: Mme Marie Pelchat de la Coalition Solidarité Santé, 
Québec, Dr.Mira Shiva de la Voluntary Health Association, Inde, 
Mme Yvonne Fas du Council of Hospital’s Unions, Alberta. 
Organisée par Alternatives en collaboration avec South Asia Partnership, 
Council of Canadians et la Coalition Solidarité Santé 
(comprend 24 organisations dont: ROC-03, FIIQ, CSN, CSQ, FSSS)
Informations: (418) 521-4000
CHAIRE UNESCO-LAVAL EN DÉVELOPPEMENT DURABLE

bullet
Mardi le 21 novembre, à 12h00, 
à la salle multimédia du Pavillon Desjardins de l’Université Laval
Conférence débat : La malbouffe dans le contexte de la mondialisation
Invité : José Bové, coauteur du livre 
«Le monde n’est pas une marchandise : des paysans contre la malbouffe» 
 _______________

Revue de presse_____________________


Dans la presse anglophone canadienne

Libre-échange et mondialisation : les grands absents de la campagne électorale

 Par
Stéphane Paquet
Opération Québec Printemps 2001
Comité Communication

Même en temps normal, le dépouillage des quotidiens à la recherche d'articles ou d'analyses sur la mondialisation et le libre-échange osant s'égarer , ne serait-ce que d'un mot, de la vulgate néolibérale, est une tâche extrêmement ardue. Et pourtant, alors même que le Canada, en pleine campagne électorale, s'apprête à accueillir le Sommet des Amériques en vue de la création de la ZLÉA, toujours rien. Lorsque l'on interroge les outils de recherche  des sites Internet du National Post et du Globe and Mail au moyen des expressions «FTAA» (Free Trade Area for the Americas), ou «Summit of the Americas», l'on n'obtient aucun résultat. Ces quotidiens ne semblent pas encore savoir ce qui se prépare pour avril 2001 à Québec — les deux solitudes en sont-elles vraiment responsables? —. Alors imaginez ce qu'il faudra attendre pour obtenir un point de vue critique sur ces enjeux de la part de ces quotidiens…

Quoi qu'il en soit pour Terence Corcoran du National Post, le débat démocratique sur le libre-échange a déjà été fait, tout a bel et bien été dit… aux Etats-Unis! «Quoi qu'on puisse dire des élections américaines, écrit-il dans son éditorial du 9 novembre 2000, le vote sur le libre-échange a été sans équivoque : avec 97% des voix, les partis libre-échangistes ont écrasé les opposants au libre-échange. […] Le message qui se dégage du scrutin est que les manifestants et les militants qui ont drainé tant d'attention médiatique au cours de la dernière année n'ont aucun mandat et en définitive, bien peu d'appuis. On ne peut plus dire, comme l'ont fait les politiciens libéraux tels Bill Clinton, Paul Martin et Tony Blair au cours de la dernière année, que ces gens ont été laissés à l'écart, sans possibilité de se faire entendre et qu'il convient de les inviter à la table et de tenir compte de leurs revendications. Au contraire, on peut aujourd'hui dire que les opposants au commerce et à la mondialisation ont eu leur vote, et que sur 100 millions de voix, ils n'en ont obtenu qu'une toute petite fraction, 3% [l'éditorialiste réfère ici au résultat obtenu par Ralph Nader, candidat du Parti Vert à la présidence]. Et M. Corcoran de conclure : «La prochaine fois que des manifestants se regrouperont à l'extérieur d'une conférence à caractère commercial, et que les médias les présenteront comme un modèle de représentativité démocratique, nous saurons bien quoi en penser».

Si quelques voix discordantes se sont fait entendre ces derniers jours à travers le concert de propos superficiels et flatteurs sur le libre-échange qu'entonnent en chœur les principaux partis politiques dans la campagne électorale canadienne, c'est dans les pages «Opinions». Le quotidien montréalais The Gazette a en effet publié deux textes fort critiques, l'un de Arthur Sandborn, du conseil central de la CSN (5 novembre) et l'autre de Joan Russow, chef du Parti Vert du Canada (8 novembre, également publié dans The Globe and Mail). Tous deux dénoncent le silence entretenu sur les enjeux réels du libre-échange pendant la campagne électorale. Joan Russow, en outre, présente les principaux éléments du programme de son parti — retenons ici, le retrait du Canada de l'ALÉNA et le démantèlement de l'OMC. Arthur Sandborn pour sa part se livre à une analyse des enjeux que posent les négociations en vue de la ZLÉA à nos services publics. Il explique par exemple que les réductions massives dans l'assurance-emploi s'appliquant au travail saisonnier n'ont rien à voir avec la lutte au déficit, mais qu'elles constituent plutôt une réaction à une étude américaine sur le prix des homards. En effet, cette étude concluait que les prestations d'assurance-emploi saisonnières auxquelles étaient admissibles les pêcheurs de la Nouvelle-Écosse constituaient un avantage commercial déloyal pour ces derniers, car ces prestations leur permettaient de vendre leurs homards à moindre coût. Selon Sandborn, le gouvernement canadien a coupé drastiquement dans les prestations de chômage saisonnier à seule fin d'éviter les plaintes en vertu des règles de concurrence de l'ALÉNA.

Pour Arthur Sandborn enfin, la tenue du Sommet des Amériques en avril prochain n'est nullement étrangère au déclenchement prématuré d'élections fédérales. Le gouvernement libéral de Jean Chrétien se prépare, selon lui, à une liquidation du filet de sécurité sociale à cette occasion. En effet, se présenter devant l'électorat APRÈS la liquidation serait un suicide politique.

Si le gouvernement Chrétien était si convaincu que cette Zone de Libre-Échange des Amériques soit une si bonne chose pour l'ensemble de la population, observerait-il un tel silence à cet égard à quelques mois du Sommet des Amériques, en pleine campagne électorale par surcroît? J'en doute…


_______________________
À propos de ce bulletin_____________________

Le Bulletin paraît à toutes les deux semaines.  Vous pouvez y contribuer en nous transmettant les coordonnées de vos activités en lien avec la mondialisation à l’adresse bulletin(arobas)oqp2001.org Pour s’abonner, il s’agit d’envoyer un courriel vide à l'adresse
(...)

Nous espérons également votre collaboration pour une plus large diffusion du Bulletin qui "pourrait" devenir notre principal moyen d'information.

L’équipe du bulletin