Logo OQP2001: ressemble à une affiche routière ou de construction, sur laquelle un bonhomme et une bonfemme allumettes jetent la ZLÉA et l'ALÉNA dans une poubelle.

Lettre de présentation ou d'invitation
(document texte)

Manifeste version texte (rtf)

English version

En español


Article du journal Le Soleil, 21 mars 2001 : Sommet des Amériques :
Un manifeste percutant contre la ZLEA
(document texte rtf)
Une trentaine d'organismes regroupés au sein d'OQP 2001 somment les gouvernements de se retirer des négociations

MANIFESTE
CONTRE 
LE SOMMET DES AMÉRIQUES
ET LA
ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE DES AMÉRIQUES (ZLÉA)

Considérant

que la mondialisation néolibérale des marchés n’est pas un phénomène naturel désincarné auquel les peuples et les États doivent se soumettre avec fatalisme;

Considérant

que cette mondialisation, au contraire, résulte de politiques bien conscientes mises en œuvre par les élites financières et politiques, notamment sous la forme d’accords de libre-échange;

Considérant

que depuis dix ans, le libre-échange a fait la preuve incontestable qu’il ne profite le plus souvent qu’aux plus nantiEs de nos sociétés et qu’il contribue puissamment à l’appauvrissement général et à la précarisation du travail;

Considérant

que les accords de libre-échange ne sont rien d’autre que des chartes des droits et libertés des corporations transnationales, et qu’en plaçant ainsi ces entreprises au-dessus des lois que se donnent les peuples et les États, les accords de libre-échange instaurent une logique de nivellement par le bas des normes du travail et des protections environnementales;

Considérant

que cette situation place les corporations transnationales en position d'exercer un chantage sur les peuples et les États en les menaçant de déménager leurs installations productives et leurs capitaux vers des lieux où la main-d’œuvre est à moindre coût et les règles environnementales plus permissives;

Considérant

que le libre-échange prend en otage l’économie des pays du Sud; en effet, les grandes institutions économiques internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce) imposent des mesures intransigeantes qui obligent ces pays à libéraliser leur économie et les maintiennent dans un état de développement précaire afin de mieux en exploiter les ressources naturelles et la main-d’œuvre au profit, surtout, des corporations transnationales du Nord;

Considérant

que le libre-échange, par sa doctrine de privatisation et de démantèlement des services publics, signifie inexorablement la fin de l’universalité des services sociaux tels la santé et l’éducation;

Considérant

que l’appauvrissement, la précarité, et la détérioration des services publics résultant des accords de libre-échange touchent les femmes d'une manière encore plus marquée et accroissent les pressions faites sur elles, et que cette situation, loin d'être accidentelle, repose sur une conception inégalitaire des rapports hommes-femmes;

Considérant

que cette mondialisation néolibérale est porteuse de valeurs telles l'égoïsme, la compétition, et le matérialisme, qu'elle promeut une culture monolithique de l'insignifiance et met en péril la richesse de la diversité culturelle, le potentiel artistique et intellectuel de l'être humain;

 

Nous, citoyenNEs des Amériques

 

Nous accusons

les gouvernements des trente-quatre pays réunis dans le cadre du Sommet des Amériques de pratiques antidémocratiques, car les négociations qu’ils ont engagées en vue de la création de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), qui sont du plus grand intérêt public, sont tenues dans le secret le plus strict, les citoyenNEs n’étant nullement consultéEs;

Nous accusons

ces mêmes gouvernements du crime de lèse-citoyenneté, car ils anéantissent la condition de citoyenNE en abdiquant la souveraineté des États aux mains d’instances non-électives tels les différents organismes de règlement de conflits commerciaux (Organisation mondiale du commerce, Tribunal de l’ALÉNA, futur Tribunal de la ZLÉA);

Nous accusons

ces mêmes gouvernements de trahison envers leurs citoyenNEs, car en créant la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), ils détournent la richesse collective des peuples pour la mettre à la disposition des corporations transnationales;

Nous accusons

ces mêmes gouvernements d’attentat contre l’amitié et la fraternité entre les peuples, car en instaurant la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), ils exacerbent sciemment une situation de concurrence malsaine entre les travailleurEUSEs des différents pays plutôt que de contribuer à créer un climat de solidarité;

Nous accusons

ces mêmes gouvernements d’entrave à l’égalité des sexes, car le démantèlement des services publics et les déréglementations du travail inhérentes à la mise en place des accords de libre-échange se font au prix d'une exploitation systématique et consciente des femmes : ces gouvernements réclament en effet qu'elles pallient bénévolement la déresponsabilisation des États en matière de services sociaux et de santé (aidantes naturelles, soignantes à domicile etc.), et maintiennent l'iniquité des salaires et des conditions de travail au nom d'impératifs commerciaux;

Nous accusons

ces mêmes gouvernements d’attentat contre l’environnement, car en créant la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), non seulement prennent-ils position en faveur d’un modèle de développement ayant déjà tant de désastres environnementaux à son actif, mais ils font la promotion du laisser-faire total en cette matière.

  En conséquence, nous jugeons les accusés inaptes à conduire des négociations engageant les peuples des Amériques sur la voie d’un accord créant la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA).

  Nous sommons donc les trente-quatre gouvernements réunis dans le cadre du Sommet des Amériques de cesser immédiatement toute discussion à cet effet, et ce, tant et aussi longtemps qu’un réel débat démocratique sur la base d'un bilan des dix dernières années de libre-échange ne sera pas tenu.

PLACE AUX PEUPLES ! MONDIALISONS NOTRE SOLIDARITÉ !
Adopté et signé à Québec le 13 décembre 2000 par la Coalition  
Opération Québec Printemps 2001